Un des enjeux les plus délicats, à mon sens, lorsqu’on aborde la sexualité sacrée aujourd’hui, est de ne pas tomber dans le piège marketing de la recherche d’intensité sexuelle. L’intensité vécue dans l’acte sexuel est l’élément vendeur par excellence : orgasmes multiples, éjaculation féminine, performance, devenir « le meilleur coup possible », devenir celui qui sait mieux faire que l’autre en matière de sexualité, etc. Il s’agit d’une stratégie marketing qui créée une confusion entre sacré et performance : c’est vendeur, sans aucun doute, mais rien ne serait plus éloigné de ce qu’est réellement la sexualité sacrée. Attention : ne pas confondre performance et plaisir, je dénonce bien ici la quête de performance, et surtout pas le plaisir.
La sexualité sacrée appelle avant tout à être libre, naturel et vivant dans sa sexualité et son énergie sexuelle. Ce qui pourrait s’apparenter au fait d’être « dénudé » dans son intimité profonde, abandonné sans calcul. La sexualité sacrée est le lieu de l’union entre l’instinct du corps et l’essentialité de l’âme. Il n’y aucune recherche lorsque l’on s’absorbe dans cet état-là. Il n’y a que de l’état de non-être. Pas de faire, pas de « je veux », pas de « je cherche », pas de « j’obtiens » ni de « je m’identifie à ». Il y n’y a rien d’autre qu’une absolue liberté dans le non soi. C’est ce qui fait que la pratique est sacrée : parce que le non soi est le lieu de l’état divin.
Le discours faisant de la sexualité sacrée le lieu par excellence de la performance sexuelle créé donc une pression de la réussite aux antipodes de ce qu’est réellement la sexualité sacrée.
Les pratiques font partie sont essentielles, mais il ne s’agit jamais de performer. Elles n’ont pas vocation à obtenir quoi que ce soit, elles ne sont qu’un pont vers une absorption plus profonde en le divin. C’est l’absorption qui est au principe et fondement de la sexualité sacrée, qui est alors envisagée dans son aspect de transcendance et comme état plein du non soi. Les enseignements sont d’ailleurs explicites sur leur présentation de la sexualité comme pont vers le divin, moyen d’épanouissement vers quelque chose de plus grand.
Rien de mal, bien évidemment, à vivre une sexualité de la performance. Cependant, si ce que vous désirez pratiquer est la sexualité sacrée, je vous invite à la prudence quant au discours marketing de la performance sexuelle, qui malheureusement risque de vous emmener à l’opposé de votre recherche. Oui, vous vivrez effectivement une sexualité plus intense, c’est un fait. Mais ce n’est pas la destination de ce beau voyage, ce n’est qu’un élément qui pave un chemin qui a vocation à vous mener vers plus grand.
Encore une fois : le plaisir n’est aucunement dévalué ici, il est une part intégrante et essentielle du processus. Il s’agit de vivre l’extase comme moyen de transcendance, et non comme moyen de performer.