En matière de sexualité, on se focalise souvent sur le fait d’obtenir, d’avoir, de faire. Avoir un orgasme ou le provoquer chez l’autre, avoir du plaisir, faire telle ou telle action, dans tel ou tel but. Cette approche a l’avantage de diriger la sexualité dans un sens qui nous tient à cœur. Le risque cependant est de s’orienter vers une pratique essentiellement performative, et tellement tournée vers sa destination qu’elle en oublie la beauté du chemin.
En réalité, la sexualité appelle plus l’être que l’avoir. Le monde moderne dans lequel nous évoluons a conduit, et se conduit activement je dirais même, à ce qu'Evola qualifie de "primitivisation de l'amour". Tourné la performance, dans un esprit de compétition enclin à la comparaison et la concurrence, dirigé vers l’apparent et les preuves extérieures de réussites, le tout saupoudrée d’une hypersexualisation déviée, ce monde détourne l'œil de l'essentiel. La pornographie actuelle en est un exemple, condensant la performance, l'apparence, la réussite, l'obsession de l'avoir, œuvrant à une désacralisation du sexe. C'est le temple du sexe physique, du sexe régressé. La société en vient donc à détourner les regard du cœur du cœur de la sexualité, hors le cœur est à l’intérieur.
D’après moi, la beauté de la sexualité, c’est qu’elle nourrit l’être. Elle empli, enrichie, active quelque chose de profond, et cela ne dépend pas de la performance, mais de la capacité à se laisser traverser, à se laisser toucher l’âme. C’est une grande différence entre l’être et l’avoir sexuel : l’avoir sexuel se focalise, performance oblige, sur les zones génitales ou explicitement érogène. L’être sexuel se concentre sur l’âme magnifiée par la totale absorption dans le corps. Il s’agit donc d’habiter sa sexualité au-delà du corps sexué. Être orgasmique est profondément différent d’avoir un orgasme, et autrement plus transformateur. Être orgasmique, c’est être, au fond de soi, transformé, ouvert, réceptif.
En quelques mots, vivre, incarner une sexualité sacrée, c'est être. C'est s'abreuver par le haut et faire du corps la coupe réceptrice de l'Être.