La sacralité du corps est une réalité innée pourtant oubliée - un oubli entretenu - dans le vécu de beaucoup d’Occidentaux. Dès lors, cela devient une éducation, un ré-apprentissage.
Tout d’abord, pourquoi cet "oubli" ?
- L’apparence et l’esthétique sont mis sur un piédestal, et beaucoup en viennent à détester leur corps pour ne pas correspondre aux diktats de beauté.
- Ensuite, nous ne prenons pas soin. Je me souviens avoir échangé sur cela avec un médecin ayurvédique, en Inde. Il lui semblait inconcevable que des choix alimentaires fassent prévaloir le plaisir gustatif au détriment souvent total du bien-être et de la santé du corps.
- Dernier aspect qu'il me semble important de soulever, quoi que je ne le développerai pas : les sociétés Occidentales, en faisant de la laïcité la garantie de la liberté de croyance, en sont venues à désacraliser ces mêmes croyances, que l'on ne doit pas montrer, ni laisser transparaître. Cet effacement institutionnalisé du sacré - je ne parle pas ici de religions spécifiques, mais bien du sens du sacré - en est venu à désacraliser nos perceptions et comportements dans nos relations au monde, à l'autre, et bien-sûr à soi-même.
Prendre conscience de la sacralité de son corps, cela passe déjà par là. Reconnaître en lui la merveille physiologique qu’il est – parce que plus on étudie l’anatomie, la physiologie, plus on se rencontre à quel point il est parfaitement conçu, et c’est proprement inimaginable. Et en prendre soin pour cela, avec une alimentation et des pratiques adaptés à son bon fonctionnement. En bref, traiter le corps comme une œuvre d'art, ou plus précisément une œuvre sacrée qui mérite et exige une déférence et des soins à sa hauteur.
Les échanges que j’ai à ce sujet soulignent à quel point c’est un chemin difficile – en Occident tout du moins –, qu’on ne nous a jamais appris. Cette prise de conscience peut passer par une compréhension intellectuelle ou par l'expérience concrète et directe. Dans les deux cas, les répercussions sont concrètes puisque les habitudes de vie changent, plus ou moins, suivant les possibilités, désirs, et bien sûr le point de départ.
Je suis convaincue que c’est là quelque chose qui devrait être enseigné aux enfants. Respecter son corps, c’est respecter celui de l’autre. Le consentement, c’est reconnaître la sacralité de son corps et de celui de l’autre, et respecter son intégrité. C’est un sujet absolument essentiel, parce qu’il impacte non seulement la façon dont on se perçoit, mais également comment on se comporte. Là encore, la relation à soi-même influe la relation à l’autre.