Dans un précédent post, j’expliquais que mon accompagnement en tant que sexologue commence par le développement de la sensibilité érotique de mes accompagnés. L’érotisme s’exprimant sur différents plans (corps, mental, émotionnel, esthétique, etc.), il peut être nourrit de diverses façons. Aujourd’hui, nous parlons d’art : comment l’utiliser pour nourrir l’eros individuel et du couple ?
L’érotisme s’insinue dans tous les arts, sans exception : l’art pariétal (peintures vulvaires paléolithiques avec utilisation des volumes de la roche pour suggérer les hanches, les fesses ou le phallus), les gravures (notamment sahariennes), les estampes (japonaise, entre autres), le dessin (Egon Schiele, Toulouse-Lautrec, Aubrey Beardsley, le pulp art), la peinture (Cabanel, Gerome, peintres orientalistes), la photographie (de nu, anciennes photographies de maisons closes, etc.) et cinéma, la musique (classique, jazz, chants orientaux, soul), l’écriture (poésie, haikus, nouvelles et romans). Internet s'est bien sûr emparé du sujet, à sa façon. La pornographie actuelle a de fait remplacé l’érotisme par l’hypersexualisation, la suggestion par l'impudeur. Utilisant des réponses nerveuses et corporelles automatique, la pornographie d'aujourd'hui utilise un système d'excitation réflexe, qui n’inspire pas le désir mais appelle à s’en vider frénétiquement.
Nourrir l’érotisme dans le couple, donc. Quelques exemples... : cela peut commencer par une séance photo-boudoir à deux, ou que l’un photographie l’autre sensuellement. Aller voir une exposition photo de nu, ou un musée avec des œuvres sensuelles (les musées d’Orsay et Rodin en sont riches). Ecrire une lettre érotique, ou une nouvelle érotique pour les plus aventureux. Ecouter une musique aux accents chaloupés et suggestifs. Danser ensemble, ou prendre des cours de danse de salon (tango, bachata, salsa). A la maison, ça peut être d’agrémenter le décor d’éléments ouvertement suggestifs : une lithographie érotique près du lit, une belle statuette de nu, des poignées d’armoire ou un vase en forme de corps…
Se nourrir d’art participe donc à nourrir notre eros. Selon la sensibilité artistique de chacun, il y en a à qui cela parlera moins qu’à d’autres : dans ce cas il faudra sélectionner le type d’art le plus inspirant, et s'il n'y en a pas, trouver un autre plan de développement érotique – ce qui ne manque pas.
L’amour est un art dont nous sommes les artistes. Le sexe également. Cette vision permet à la dimension créative de prendre le dessus, éloignant la pression de la performance pour valoriser le plaisir, le ressenti spontané, et l’imagination joueuse. S’entourer d’art, c’est s’entourer de muses qui abreuvent et inspirent votre eros.
Baccio di Dante, Roberto Ferri