De l'objet sexuel à l'artiste intime

L’hypersexualisation, la pression à performer, à être sexuellement validé et choisi, objectifient l’homme et la femme qui deviennent des machines à faire – faire du sexe en ce qui nous concerne. Cela commence aux obsessions de taille – pénis, seins, fesses, etc. -, continue avec le désir d’être le meilleur coup, et trouve probablement son apogée avec le viagra, qui force mécaniquement le corps à aller là où il ne le veut pas. La femme est certes objectifiée, mais l’homme l’est tout autant. La vie humaine est soumise à un impératif de productivité qui rebondit sur les questions éthiques de consentement et de choix, de robotisation et d’uniformisation. Humain-machine, donc.

  1. Commençons donc par repérer ce qui pourrait tenir de l’objet intime : anxiété de performance, recherche de validation, insécurité corporelle, vouloir plaire ou satisfaire jusqu’à faire ce qui ne nous plait pas vraiment, etc. 
  2. Ces éléments repérés, il s’agira maintenant de les accepter, car ils constituent les failles et la sensibilité de tout un chacun et manifestent notre réticence interne face aux impératifs sociaux. 
  3. Nous pourrons ensuite apaiser chacun de ces éléments. Par exemple, une insécurité sur le corps pourra être être cadrée avec des pratiques spécifiques pour habiter son bassin, sa base, puis la zone du cœur. Nous procédons ici avec des pratiques d’auto-érotisme, puis de méditation active, puis de silence.

Il s’agit donc de troquer l’objet intime que l’on se force à être avec un mode vivant, ondulant, créatif et personnel, humain en somme. C’est ce que j’appelle ici l’« artiste sexuel » : artiste parce qu’il 'suffit' de se laisser aller à vivre et vibrer selon ce qui tremble et palpite à l’intérieur ; artiste par le simple retour en soi-même. Ce changement donne l’espace d’« être », là où le « faire » (production) et « avoir » (consommation) triomphaient. 

> Le premier fonctionnement est lié à l’animalité et évolue sur un mode de survie (insécurités relationnelles et personnelles), là où le second donne la place à qui je suis, ce que je désire, ce qui s’active en moi.


Evidemment, l’aspect technique de la gestuelle rentre en compte, mais son intention se raffine : le geste ne vise plus à produire un effet, il est authentiquement vécu de l’intérieur. Le sexe devient érotique et le coït une création vivante incarnée par les êtres qui le partagent.




Artiste : Sergueï Galanter

L'art pour nourrir l'eros du couple